Étiquettes
Adrian Biddle, éclair, débouchage, effet lune, effets spéciaux, filtre diffuseur, fumée, halo lumineux, incrustations, lumière diffuse, Ron Howard, studio, surexposition, Willow
Willow
Ron Howard – 1988
1.
Décor complexe avec beaucoup de personnages. Biddle joue ici avec les trous dans la toiture, dans les murs, plaçant ses projecteurs derrière et utilisant la fumée pour tracer les rayons. L’ensemble est par ailleurs baigné d’une lumière diffuse venant du haut, légèrement en contre jour. Mais tous les effets d’éclairage sont obtenus en plaçant les projecteurs à l’extérieur, filtrés par le décor lui même.
2.
Scène en extérieur : Biddle utilise un projecteur rasant légèrement bleuté placé gauche cadre avec beaucoup de fumée, pour dynamiser l’ambiance terne d’un ciel couvert (donner du relief à l’image).
3.
On joue ici l’effet fenêtres en contre jour en le reprenant pour l’avant plan (brillances au sol, ombres portées) et en utilisant un filtre diffuseur sur la caméra pour accentuer le halo lumineux autour des très hautes fenêtres (Manifestement du studio ici avec un fond blanc surexposé derrière). Les personnages sur le trône au dessus des marches bénéficient d’un éclairage de face pour qu’on puisse les distinguer dans l’ombre.
4.
Décor noyé dans la fumée. Petit projecteur pour créer un halo dans l’arrière plan et donner du volume, en contre jour sur l’avant plan, donnant une brillance blanche sur le mur et le gong. Éclairage diffus et orangé pour l’ambiance, reprenant ainsi l’effet de la torche que l’on voit à l’image.
6.
Plan d’extérieur, lumière très douce (diffuseur et/ou ciel couvert), fumée omniprésente. Contre jour et fumée pour le fond du décor afin de silhouetter les cavalier, d’attirer le regard sur eux.
7.
Biddle met ici l’accent sur le personnage de droite : la comédienne est placée sous une fenêtre par laquelle rentre un « effet lune » bleuté contrastant avec la teinte jaune des éclairages de face et du contre jour sur le personnage de gauche. Il dirige ainsi le regard du spectateur vers le personnage important du plan et situe temporellement l’action (la nuit).
8.
L’accent est ici aussi mis sur le visage par un contre jour, avec débouchage important dans l’axe caméra pour éviter d’avoir un grand à-plat noir dans l’image (le corps de Kilmer bouche la vue et le fond est très peu éclairé).
9.
Dispositif ici assez proche du plan 3. Les ouvertures forment la base de l’éclairage, le personnage est juste éclairé par la gauche avec une dominante chaude (légèrement orangée) contrastant avec le bleu de la lumière du jour. Pas de débouchage sur le visage à droite. On est ici dans un espace maléfique, le jour (=la lumière) est vu ici à travers des ouvertures qui forment comme des barreaux alors que l’ombre domine l’intérieur.
10 et 10bis.
Pour créer un effet éclair, Biddle utilise un projecteur en contre jour (on remarque que l’éclairage sur le personnage n’a pas changé, seul le contre jour bleu apparaît en flash). Pour les scènes d’orage, les méthodes ont évolué avec le temps et la technologie. Ce type d’éclairs bleus était surtout utilisé dans les années 80 et 90, on a tendance aujourd’hui à créer des flashs très blancs, extrêmement surexposés (ce qui n’est pas le cas ici, l’image reste très lisible en présence de l’éclair).
11.
Lumière extérieure rasante, scène vraisemblablement tournée au petit matin. Il se place en contre jour par rapport au soleil et utilise la brume en arrière plan (est-ce de la fumée?) pour dynamiser l’arrière plan et créer l’ambiance. Les deux personnages sont débouchés côté caméra. Importance fondamentale des repérages techniques pour le chef op ici à la merci des conditions météorologiques, ayant un créneau horaire assez réduit pour tourner sa scène. Le tournage en extérieurs réels est toujours une gageure puisque le chef op ne maîtrise pas son environnement et est donc soumis à quantité de facteurs extérieurs (en particulier les nuages).
12.
Willow me permet d’aborder un peu l’éclairage des effets spéciaux. Dans ce plan les acteurs jouant les Airk (les lutins) sont filmés à part et ensuite incrustés dans l’image par un procédé de surimpression. Ils sont donc éclairés à part, dans un autre espace que celui de la scène. Le travail du chef opérateur va être dès lors de rendre cohérents visuellement tous les éléments de la séquence pour faire croire au spectateur que tout a été filmé dans un même décor. On remarque ici qu’il n’y parvient pas vraiment. La direction est assez semblable, mais les Airk sont éclairés plus de face que Willow et son compagnon, éclairés de côté (par la gauche cadre). Et cela vient certainement du fait que les acteurs doivent certainement être visibles en entier, sans zones d’ombres sur le corps, pour pouvoir être bien incrustés dans le plan de destination. Le numérique permet de nos jours des incrustations beaucoup moins visibles et recréant de toute pièce des éclairages, en rajoutant des ombres portées sur les éléments de décor du plan de destination (on voit par exemple qu’ici les Airk ne produisent pas d’ombres sur Willow)
13.
De même ici, les Airk sont éclairés en contre jour par la gauche alors que Willow est clairement éclairé par la droite, dans l’axe caméra. Les deux directions de lumière entre les deux sujets ne concordent pas du tout, ce qui fait que le truquage devient très visible pour le spectateur.
14.
Un autre exemple du travail de lumière sur un plan à effets : ici la fée produit de la lumière qui éclaire le visage du comédien. Les deux acteurs ont beau n’avoir pas été filmés simultanément ni dans un même décor, le chef opérateur doit créer sur le plateau cet effet particulier. Il doit donc savoir à l’avance sur storyboard où se déplace la fée dans le plan, si elle se rapproche ou s’éloigne de Willow pour bouger le projecteur (situé à la limite droite du cadre), le faire augmenter ou diminuer en intensité selon les déplacements. La fée étant comparable à une surface, Biddle utilise donc une source plutôt diffuse pour recréer l’effet.
Il va devoir ensuite éclairer la fée elle même et créer ce halo lumineux. Il l’éclaire donc dans l’axe caméra et de manière très diffuse pour bien enrober tout le corps et surexpose l’ensemble pour la rendre très lumineuse et « blanche ». Et rajoute un filtre diffuseur sur la caméra (seulement sur le plan de la fée, le plan sur Willow n’en a pas) pour créer le halo.
15.
Même problème ici, mais encore plus complexe puisqu’il s’agit d’éclairer aussi le décor autour de la fée. Et la source de lumière (la fée donc) se trouve ici au centre du cadre, éclairant sur 360°! Pour éclairer le décor les projecteurs sont donc logiquement dissimulés au sol : les arbres gauche cadres sont éclairés par la droite, ceux de droite cadres éclairés par la gauche. Les deux acteurs sont quant à eux détourés en contre jour venant du haut (Biddle triche un peu ici sur la direction de lumière pour pouvoir les rendre bien visibles, un contre jour venant du sol les aurait tout juste silhouettés). Même principe pour l’éclairage de la fée que dans le plan précédant, lumière de face diffuse, surexposition et filtre diffuseur sur la caméra.
16.
On voit mieux en plan rapproché cet effet d’éclairage sur la fée, la lumière est très étalée. Le halo est distinct autour de la comédienne, la surexposition est telle que très peu de détails sont visibles sur son visage. Andrew Lesnie saura se rappeler de cet effet pour éclairer Galadriel dans Le Seigneur des Anneaux…
17.
En contre champ le dispositif est plus simple puisqu’il s’agit uniquement de recréer l’effet de l’éclairage de la fée sur le visage d’Elora. Biddle choisit une nouvelle fois de tricher un peu en éclairant depuis deux directions, droite cadre puisque c’est là que se trouve la fée, et également gauche cadre (on voit une ombre de nez trahissant la présence d’un projecteur à gauche). La raison en est simple : il cherche à gommer la direction de lumière pour accréditer un éclairage surnaturel, faire ainsi ressentir la dimension fantastique de la lumière de la fée.
Sinon bien vu pour Andrew Lesnie, même si Jackson n’a pas arrêté de dire qu’il ne voulait SURTOUT PAS faire un Willow, son chef op en a quand même utilisé des techniques
Avec quoi on fait la fumée ? C’est de la vapeur d’eau ? C’est comme les machines à fumée dans les boites de nuit ?
y’a plusieurs types de machines à fumée selon ce que tu veux faire mais généralement oui c’est comme les machines de boîtes de nuit…
et sinon d’une manière générale dans la vraie vie avec un feu.
Pingback: Adrian Biddle : Thelma et Louise | L'Antre de Jean Charpentier
J’ai aussi une question : comment réalise-t-on une sous- ou sur-exposition au cinéma ?
Alors ceci est une très vaste question!
Disons en simplifiant que l’exposition consiste à gérer la quantité de lumière qui va imprimer la pellicule. Pour cela tu as deux possibilité : tu utilises le diaphragme qui se trouve sur l’objectif. Si tu ouvres le diaphragme, tu fais rentrer plus de lumière, si tu le fermes tu en fais rentrer moins. Lorsque l’on tourne une scène de film, le chef op décide à combien doit être ouvert le diaphragme (celui ci est gradué, je vous passe le détail de la signification des chiffres…) et donc combien de lumière il laisse impressionner la pellicule. En fonction de ça il va régler la puissance des projecteurs pour qu’il rentre la quantité nécessaire, qu’il a décidé au préalable.
Maintenant imaginons qu’il a décidé d’une valeur pour l’ouverture du diaphragme et qu’il a éclairé la scène en fonction de cela. S’il décide d’ouvrir le diaphragme à cet instant, il va surexposer l’image, c’est à dire la rendre plus lumineuse, dans son ensemble (cela peut etre un choix esthétique). Plus il ouvre le diaphragme plus l’image va être surexposée, jusqu’à devenir toute blanche. A l’inverse en fermant le diaphragme au dessous de la valeur définie au départ il va sous exposer l’image, la rendre plus sombre dans son ensemble. idem si il continue de fermer le diaphragme l’image deviendra toute noire. La plage qui se situe entre la valeur où l’image est toute noire et la valeur où l’image est toute noire est par ailleurs ce qu’on appelle le contraste. Mais je m’éloigne un peu.
Deuxième chose, revenons à notre situation initiale, le chef op a décidé d’un diaphragme et éclairé la scène en fonction, avec disons un éclairage de face et un contre jour, tous deux à la même puissance. Il peut ensuite décider d’augmenter la puissance du contre jour, et donc surexpose celui ci, créant un halo très lumineux autour des cheveux. J’insiste sur la différence avec le cas précédant, qui consistait à surexposer l’ensemble de l’image. Ici on commence vraiment à toucher à ce qu’est le fondement même du travail du chef opérateur, comment il travaille la « matière lumière ».
de même il peut décider de sous exposer l’éclairage de face, donc de baisser la puissance du projecteur qui éclaire en face, et de rendre donc uniquement le visage du comédien plus sombre.
Voilà en gros pour la sur et sous exposition, j’espère avoir réussi à être clair et pas trop technique! n’hésitez pas si quelque chose vous paraît obscur dans mon explication!
merci beaucoup encore une fois pour votre intérêt!
Pour préciser encore les choses, choisir une lumière dure ou douce concerne la QUALITE DE LUMIERE, choisir l’exposition concerne la QUANTITE DE LUMIERE
hé, une question: c’est toi qui découvre seul tous les positionnement de projecteurs, les filtres caméra, etc. ou bien tu te sers quand même d’un petit fond documentaire ?
Non c’est moi qui interprète l’image. Je me base uniquement sur la capture.
beau gosse